4e Thème :
LE TEMPS LITURGIQUE
Présentation
«Je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps.»
(Mt) «Notre Mère la sainte Église estime qu'il lui appartient de célébrer l'uvre salvifique de son divin Époux par une commémoration sacrée, à jours fixes, tout au long de l'année. Chaque semaine, au jour qu'elle a appelé "jour du Seigneur", elle fait mémoire de la résurrection du Seigneur, qu'elle célèbre encore une fois par an, en même temps que sa bienheureuse passion, par la grande solennité de Pâques. Et elle déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l'année, de l'incarnation et la Nativité jusqu'à l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentecôte, et jusqu'à l'attente de la bienheureuse espérance et de l'avènement du Seigneur. Tout en célébrant ainsi les mystères de la rédemption, elle ouvre aux fidèles les richesses des vertus et des mérites de son Seigneur; de la sorte, ces mystères sont en quelque manière rendus présents tout au long du temps, les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut.» (SC # 102) |
La Cène du Seigneur :
1) Le JOUR du Seigneur: le DIMANCHE, Pâque
hebdomadaire
2) Mémorial annuel: la
Pâque (2e siècle)
3) La VEILLÉE PASCALE
4) Le TRIDUUM PASCAL
5) Le TEMPS PASCAL:
(50 jours)
6) Le Temps du CARÊME:
7) NATIVITÉ du
Seigneur (vers 375)
8) Le Temps de l'AVENT
(Liturgie occidentale, vers le VIe siècle)
9) Le Temps ordinaire
10) Le Culte de Marie et des saints
Calendriers
liturgiques
Célébration des
saints : solennités, fêtes, mémoires
2) SYMBOLES, RITES, GESTUELLE, expression du Mystère pascal célébré
1) Le Christ, symbole
PRÉSENTATION
«Dans le Christ, la plénitude du culte divin est entrée chez-nous.» (SC #5)
«Je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps.» (Mt)
«Notre Mère la sainte Église estime qu'il lui appartient de célébrer l'uvre salvifique de son divin Époux par une commémoration sacrée, à jours fixes, tout au long de l'année. Chaque semaine, au jour qu'elle a appelé "jour du Seigneur", elle fait mémoire de la résurrection du Seigneur, qu'elle célèbre encore une fois par an, en même temps que sa bienheureuse passion, par la grande solennité de Pâques. Et elle déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l'année, de l'incarnation et la Nativité jusqu'à l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentecôte, et jusqu'à l'attente de la bienheureuse espérance et de l'avènement du Seigneur.
La Liturgie cest la célébration de la foi de lÉglise. Cest la démarche de lÉglise dans sa réalité profonde. Cest lacte du Seigneur lui-même qui intervient à travers les symboles, à travers lAssemblée cultuelle qui est lÉglise, et à travers ses rites. Tout est structuré, avec au centre, le mystère de lEucharistie. Cest le centre vital, le foyer ou tout converge, doù tout découle, où tout se tient et tout sexplique.
Le temps liturgique fait parcourir les grands mystères de la foi chrétienne. Il est vécu par lÉglise et non pas seulement par chaque chrétien. Ce temps liturgique organisé par lÉglise, permet une catéchèse des chrétiens. Progressivement, son calendrier a utilisé la symbolique naturelle des cycles de la nature pour y inculturer les mystères du Christ : sa naissance, son baptême, sa vie publique, sa passion et sa mort, sa résurrection. On sarrête sur chacun de ces moments, on y contemple toutes les facettes des merveilles du salut de Dieu.
Lannée liturgique constitue un voyage dinitiation qui permet aux baptisés de se rapproprier, année après année, toutes les dimensions de leur foi, à mesure que se déroule leur histoire personnelle ainsi que lhistoire de lhumanité, devenue dans le Christ une histoire du salut. Lannée liturgique chrétienne est mémorial.
LA Cène du Seigneur :
«Faites ceci en mémoire de moi» avait dit Jésus au terme du Repas qui inaugurait sa Passion.
Au centre de la Liturgie chrétienne, il y a le mémorial du Christ mort et ressuscité, à la fois souvenir du passé, actualisation dune présence, anticipation dun avenir. Toute célébration du mystère du Christ est mémorial, anamnèse.
1) Le JOUR du Seigneur: le DIMANCHE, Pâque hebdomadaire
Les chrétiens font mémoire de la mort et de la résurrection du Christ le premier jour
de chaque semaine qui est le JOUR du SEIGNEUR. Assemblée
dominicale autour de la table du Seigneur qui constitue lacte essentiel du
mémorial.
Le huitième jour
après la résurrection de Jésus, les apôtres étaient déjà réunis pour se souvenir,
quand Jésus se tint au milieu deux et invita Thomas à mettre la main dans la plaie
de son côté. Tel fut le premier dimanche.
Le dimanche a été, dès lÉglise primitive, la célébration originelle du mystère pascal et il le demeure encore aujourdhui. Dans les écrits du Nouveau Testament déjà, le premier jour de la semaine juive, que nous appelons le dimanche, a une signification éminente. Il est le jour de la résurrection du Seigneur, comme tous les évangélistes le rapportent unanimement, le jour par excellence de ses apparitions : Mt 28,9; Lc 24,13 ss; Jn 20,19 ss. et le jour où le Seigneur glorifié envoie le don promis de son Esprit : Jn 20,22; Ac 2,1 ss. Les disciples le considèrent comme «le jour que le Seigneur a fait» Ps 117,24.
Daprès de très anciens témoignages non-bibliques, la célébration du dimanche devient le signe distinctif des chrétiens face à ceux qui célèbrent encore le sabbat selon le rituel des juifs. Saint Ignace dAntioche le rappelle : «Les chrétiens sont appelés à la nouvelle espérance et nobservent plus le sabbat, mais le dimanche, jour où notre vie sest levée par le Christ et par sa mort.» (Lettre aux Magnésiens, 9). Parce que le dimanche était à cet époque un jour ordinaire de travail, les chrétiens furent obligés de placer leur réunion tard le soir, et, après linterdiction par lempereur Trajan des réunions nocturnes, tôt le matin. Cela créait bien des difficultés et demandait beaucoup de sacrifices.
La loi de lempereur Constantin, du 3 mars 321, fut de grande importance pour lévolution ultérieure du dimanche. Elle déclare le «vénérable jour du soleil, jour de repos pour tous les juges, la population des villes et des artisans.» Ces dispositions favorisèrent grandement la célébration liturgique du dimanche. Mais peu à peu la cessation du travail devint de plus en plus nettement lessentiel de la sanctification du dimanche et son critère majeur.
Aujourdhui, la célébration chrétienne du dimanche étant largement menacée, le Concile a beaucoup insisté sur limportance, pour les chrétiens, du dimanche comme célébration du mystère pascal. «Ce jour-là, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à leucharistie, ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus et rendent grâce à Dieu. Ce sera en même temps, jour de joie et de loisir... parce quil est le fondement et le noyau de toute lannée liturgique, les autres célébrations ne doivent pas lemporter sur lui, à moins quelles ne soient véritablement de la plus haute importance.» (SC 106)
Dans lantiquité, et pendant de longs siècles, lÉglise ne pratiquait habituellement que la célébration dominicale et cependant, il y avait un prolongement quotidien, et la louange du Mystère chrétien retentissait sans cesse, jour et nuit par la célébration de la Liturgie des Heures qui est très liée au mystère de lEucharistie.
2) Mémorial annuel: la Pâque (2e siècle)
Mais dès le second siècle, on éprouva le besoin dajouter au mémorial hebdomadaire, le mémorial annuel de la Pâque. Cest en concomitance avec la célébration juive de la Pâque que les chrétiens fixèrent le mémorial de la Pâque nouvelle. Peu à peu, lÉglise célébra la Pâque chrétienne le dimanche qui suit la Pâque juive.
3) La VEILLÉE PASCALE
La Veillée de prière dans laquelle le jeûne cède la place à la fête, a connu durant
les premiers siècles un enrichissement progressif qui devait mettre en valeur les divers
aspects du contenu du Mystère pascal.
a) la Parole et le repas.
Les chrétiens relisaient lAncien Testament à la lumière du Nouveau. Et lEucharistie se prolongeait dans un repas
fraternel de lagape.
b) le Baptême
Au temps de lentrée des masses dans lÉglise et de lorganisation
dun catéchuménat structuré, aux 4e-5e siècles, lÉglise estima
que la Nuit pascale offrait un cadre incomparable à linitiation chrétienne :
célébration du baptême et de la confirmation dans le baptistère, puis de
leucharistie dans la basilique, où les néophytes se voyaient accueillis dans
lassemblée des fidèles.
c) la Lumière du Christ
Il faut attendre lépoque des grandes fêtes baptismales pour voir mettre en valeur
le symbole du Christ illuminant le monde dans la gloire de sa résurrection. Ce fut alors quon fit briller le cierge
pascal près de lambon où le diacre allait chanter lExultet.
Lorsquà partir du 6e siècle, les baptêmes dadultes se firent plus rares, puis disparurent, la célébration de la Veillée pascale commença à péricliter. Elle fut avancée au seuil de la nuit, puis on lanticipa à laprès-midi du samedi saint, jusquà ce que le Pape saint Pie V la fit cesser en interdisant de célébrer la messe après midi. (1566) Les rites nocturnes demeurèrent inchangés, mais, célébrés le matin, ils perdirent toute signification.
4) Le TRIDUUM PASCAL
Premiers vestiges, au IVe siècle. Ce besoin d'un retour méditatif sur le mystère pascal, détaillé, du jeudi soir au dimanche pascal apparu dabord à Jérusalem où lon aimait à mettre ses pas dans ceux du Seigneur, du Cénacle au Mont des Oliviers et de Gethsémani au Golgotha.
5) Le TEMPS PASCAL: (50 jours)
À peine la célébration annuelle de la Pâque
était-elle entrée dans la vie des communautés chrétiennes, quelle apparaissait
comme une fête qui se poursuit durant cinquante jours, ce en quoi elle se différenciait
de la Pâque juive. «Comme si cétait
un jour de fête unique, un grand dimanche», disait saint Athanase. Aujourdhui cest le temps pascal.
Au 4e
siècle, au coeur de la fête, certains jours allaient pourtant émerger avec un relief
particulier : ce furent loctave de Pâques, et les solennités de lAscension
et de la Pentecôte. LOctave de Pâques
est en relation avec le Baptême des adultes. On
voulait continuer à les réunir chaque jour de la semaine de Pâques pour leur donner un
enseignement sur le Mystère, qui leur révélerait la signification des mystères
auxquels ils avaient été initiés durant la nuit sainte.
Cest vers lannée 370 quon commença à honorer dune fête
particulière lascension du Seigneur, le 40e jour après Pâques selon le
récit des Actes.
La Pentecôte signifiait dabord, chez les chrétiens, la totalité du Temps pascal.
6) Le Temps du CARÊME:
Au début de lÉglise, le jeûne de la semaine sainte constituait une préparation
jugée suffisante. Puis lÉglise connut
un jeûne de trente jours, puis de quarante. Au
6e siècle, on voulut compter les quarante jours de jeûne effectif et on
anticipa louverture du Carême au mercredi précédent.
Dabord, les six
semaines de prière et de pénitence du Carême offraient un cadre privilégié pour les
dernières étapes du catéchuménat préparant les futurs baptisés à leur nouvelle
naissance dans la nuit de Pâques. Le Carême
devint ainsi pour toute la communauté chrétienne, un temps de cheminement spirituel avec
ses catéchumènes, en préparation au mystère pascal des Jours saints
Réservé dabord
aux pécheurs en attente de la réconciliation du Jeudi Saint, le geste de la réception
des cendres, le Mercredi des Cendres, fut ensuite adopté par tout le peuple, y compris le
clergé avec lévêque.
Les cinq dimanches du Carême reçoivent une lumière propre de la lecture de lévangile. Comme on faisait déjà au temps du Pape saint Léon le Grand, on lit, le 1er dimanche, le récit de la tentation, le 2e dimanche, le récit de la Transfiguration. Ombre et lumière, le rapprochement est symbolique de la montée du peuple de Dieu vers Pâques.
Le dimanche de la Passion et des Rameaux. Au milieu du 5e siècle, on inaugurait une prédication sur la passion du Seigneur qui se poursuivait le mercredi et le vendredi saint. La lecture de la Passion selon les trois évangiles synoptiques constitue le coeur de la liturgie de la Parole.
À Jérusalem, dès la fin du 4e siècle, le peuple chrétien revivait déjà lentrée triomphante de Jésus à Jérusalem. On se rassemblait sur le Mont des Oliviers vers le milieu de laprès-midi. Un diacre y lisait lÉvangile du jour. Puis la procession gagnait la Ville Sainte, les enfants agitant des palmes. Cette célébration festive eut un grand écho en Occident.
7) NATIVITÉ du Seigneur (vers 375)
La fête romaine de la Nativité du Christ et la fête orientale de son Épiphanie sont attestées, lune et lautre, au milieu du 4e siècle. Rome célèbre alors le 25 décembre au jour fixé en Occident pour le solstice dhiver, la naissance parmi les hommes de Celui qui est la lumière du monde. Ce jour-là les tenants du culte solaire fêtent la remontée du soleil invaincu, émergeant des ombres de lhiver. Le Christ, soleil levant, nest-il pas, Lui, le seul invaincu? En Égypte, on célébrait, semble-t-il, le solstice le 6 janvier par diverses festivités païennes. Dans ce pays, les chrétiens fêtèrent, plutôt que la naissance de Jésus dans lhumilité de Bethléem, la manifestation de sa divinité, son Épiphanie, lorsquil remonta des eaux du Jourdain après son baptême. La solennité gagna rapidement tout lOrient..
La fête de la naissance ou de la manifestation du Christ constituait, autour des années 375, une grande nouveauté dans la vie cultuelle des chrétiens, car, jusque-là, ceux-ci ne célébraient quun mystère, celui de la mort et de la résurrection du Seigneur, chaque semaine le dimanche, chaque année avec la Cinquantaine pascale. Bientôt on allait percevoir que, dans laujourdhui de la liturgie, cet anniversaire était porteur de grâce. Noël, dira saint Léon, est la naissance de la vie: «lensemble des fidèles naissent aujourdhui avec le Christ.»
À Rome, la fête du 25 décembre avait un objet unique : la naissance de Jésus à
Bethléem. Mais la page de Matthieu
rapportant la visite des Mages venus du lointain Orient pour adorer lEnfant, ne
pouvait que simposer à ladmiration des chrétiens issus eux-mêmes, pour la
plupart, du paganisme. Les mages étaient les
prémices de la gentilité, leurs ancêtres dans la foi.
Aussi, en adoptant la fête orientale du 6 janvier dont le rayonnement était
grand, donna-t-on à lÉpiphanie-Manifestation, le thème de lhommage rendu
par des païens au Fils de Marie, le Fils de Dieu. On
y fit aussi lévocation du Baptême de Jésus, et on y ajouta le souvenir du signe
de Cana, où Jésus manifesta sa gloire.
8) Le Temps de
l'AVENT (Liturgie occidentale, vers le VIe siècle)
Le Temps de lAVENT est propre aux liturgies dOccident. Rome la reçu de la Gaule dans la seconde moitié du 6e siècle. Le terme Adventus (avent) veut dire avènement et sa signification est très proche des termes de Natale (naissance) et Épiphanie (manifestation). Ce temps est donc intimement soudé à celui de Noël-Épiphanie.
Tandis que lAvent marque traditionnellement le commencement de lAnnée liturgique, le Concile Vatican II, en accord avec les sources les plus anciennes, semble vouloir en faire le couronnement. (SC 102) Cest dire la diversité de lAvent. En fait, les premières semaines évoquent de préférence lAvènement du Christ; à partir du 17 décembre, cest la préparation de Noël qui prédomine.
9) Le Temps ordinaire
Les 34 semaines du temps ordinaire qui courent entre le Baptême du Seigneur et le Carême, dune part, et de lautre, entre la Pentecôte et lAvent, constituent le Temps ordinaire de lannée.
Depuis la restauration du Concile, privilégie le DIMANCHE et le Temporal. Les dimanches du Temps ordinaire sont le mémorial hebdomadaire de la Pâque du Seigneur, jour de lAssemblée des chrétiens.
10) Le Culte de Marie et des saints
«En célébrant le cycle annuel des mystères du Christ, lÉglise vénère avec
un particulier amour la bienheureuse Marie Mère de Dieu. En outre, elle a introduit dans
ce cycle annuel les mémoires des martyrs et des autres saints.» (SC 103-104)
- les martyrs, premiers associés au mystère pascal du Christ
Si le culte de Marie lemporte en dignité sur
celui des martyrs, il lui est postérieur dans son apparition et son essor. Au lendemain des persécutions, le souvenir de
ceux qui avaient confessé leur jusquà la mort sentoura dune grande
vénération. On éleva des basiliques sur
les tombes des plus célèbres dentre eux.
- les saints :
Au culte des martyrs
vint sajouter, dès le 5e siècle, celui des évêques fondateurs
dune Église, docteurs éminents ou protecteur de la cité, ainsi que le culte des
ascètes et des moines.
- Marie, mère du Seigneur
Le culte de Marie, la Vierge Mère de Dieu, est né
dans le rayonnement des fêtes de la Nativité du Seigneur.
Attesté dès le début du 5e siècle à Jérusalem, il a pris son essor
au lendemain du Concile dÉphèse (431).
Le culte de Marie
sest établi sur des bases stables dès le haut Moyen-Âge. Il a connu une certaine expansion jusquau 15e
siècle, avant de progresser à partir du 17e siècle et surtout au 20e
siècle.
Calendriers :
Le premier calendrier officiel de la Liturgie romaine fut celui du bréviaire et du Missel
de saint Pie V (1568).
En quatre siècles, il
devait recevoir un nombre considérable dadditions de fêtes et de mémoire des
saints. Cette amplification du culte des
saints finissait par faire obstacle à la célébration du cycle des mystères du
Seigneur. Une refonte simposait. Elle fut réalisée en 1969.
Le Concile Vatican II avait prescrit que désormais «le plus grand nombre des fêtes des saints seront laissés à la célébration de chaque Église, nation ou famille religieuse» et quon ne célébrerait partout que les fêtes des saints présentant «une importance vraiment universelle» (SC 111) il en a été ainsi. En élaguant le calendrier antérieur, on a eu le souci de mettre en lumière luniversalité de la sainteté dans le temps et dans lespace.
Célébration des saints : solennités, fêtes, mémoires
«Les célébrations des saints sont disposées de telle sorte
a) LOffice des solennités du Seigneur et des saints :
Les solennités ont des premières Vêpres (premier Office du Soir) le jour précédent.
Aux deux Offices du
Soir et à celui du Matin,
Lhymne
les antiennes,
la lecture brève et son répons
la prière dintercession et loraison conclusive
sont propres ou pris au
Commun.
- LOffice des lectures, tout est propre : hymne, antiennes, psaumes, lectures et répons.
- Aux Heures du milieu du jour : lhymne quotidienne, suivi des psaumes graduels avec antienne propre. Mais le dimanche, on prend les psaumes du Dimanche I.
b) Les fêtes du Seigneur et des saints :
Les fêtes nont pas de premières vêpres, à moins quil ne sagisse de
fêtes du Seigneur qui tombent le dimanche.
Aux Offices du Matin et
du Soir et à LOffice des Lectures, tout se fait comme aux solennités
À lOffice des
Lectures, tout est propre. Te Deum chanté à
la fin suivi de loraison de la fête.
Aux Heures du Milieu du
jour, lhymne du jour suivi des psaumes de la férie avec leurs antiennes, à moins
que la tradition suggère une antienne propre.
La lecture brève et
loraison conclusive sont propres à la fête.
Complies du jour
ordinaire.
c) Mémoire des saints : obligatoire ou facultative :
À lOffice du Matin et du Soir : deux façons de célébrer
- soit :tout peut être pris à la férie avec
loraison conclusive de la mémoire du saint
- soit : Invitatoire, hymne, lecture brève, antiennes
des cantiques de Zacharie et de Marie propres, les prières peuvent être pris à la
mémoire du saint, soit au propre ou au commun.
À lOffice des
lectures, la lecture biblique avec son répons est de lÉcriture en cours. la
seconde lecture est celle du saint. On ne
chante pas le Te Deum
Aux Heures du milieu du
jour et à Complies : tout est à la férie.
La Liturgie, mystère de Transfiguration
LÉglise a développé progressivement une Année liturgique propre, composée dun Avent, dun temps de Noël, dun Carême, dun temps pascal et dun temps de lÉglise qui se prolonge jusquaux solennités de la Toussaint et du Christ-Roi. Il ne faudrait cependant pas sy tromper : le temps de lÉglise cest le TEMPS PASCAL. Même pendant le Carême, nous vivons du plein mystère pascal. Nous pouvons commémorer les préparations de lAncien Testament, mais nous vivons de plain pied et nous célébrons dans laire du Nouveau Testament. Le mystère de Pâques constitue le noyau et lorigine de toute transfiguration chrétienne, celle-ci étant prolongée liturgiquement de dimanche en dimanche, et deucharistie en eucharistie.
Il y a certains mots qui expriment les riches nuances du mystère du Temps dans la Liturgie de lÉglise. Un mot revient souvent dans les antiennes des fêtes et des solennités : le mot AUJOURDHUI. Ce terme revient souvent aux antiennes des cantiques de Zacharie et de Marie lors des grandes solennités. Il y a en effet toute uns spiritualité biblique et liturgique de lAujourdhui, chère à la Lettre aux Hébreux : chapitres 3-4, à saint Augustin, à la tradition des Pères de lÉglise.
Ainsi, quand lÉglise chante ou prêche que cest aujourdhui que le Christ est né, quil a été baptisé, quil accomplit le miracle de Cana, quil est ressuscité des morts ou quil nous fait don de lEsprit Saint, elle nous rappelle que nous sommes entrés une fois pour toutes dans lAlliance nouvelle. Saint Paul a écrit de plusieurs manières: «Si vous êtes morts avec le Christ, vous êtes déjà ressuscités avec lui, et déjà, avec lui, vous siégez à la droite du Père», bien que nous fassions encore partie de lÉglise militante et pèlerine ici-bas.
Cest que le mystère du Christ intègre la totalité de lunivers, espace et temps...«Voici que je suis avec vous tous les jours jusquà la fin des temps» (Mt) Aujourdhui même nous sommes contemporains de Jésus et de son Évangile et nous sommes déjà concitoyens des apôtres et des prophètes auprès de Jésus dans le Royaume de son Père.
Saint Augustin a développé cette même spiritualité de laujourdhui dans ces beaux commentaires de lALLÉLUIA. LAlléluia de la terre, nous explique-t-il, nous donne le goût de la louange définitive, quil anticipe, tandis que lAlléluia du ciel est lexpression achevée dune louange qui a commencé pour monter sans cesse devant la face de Dieu.
2) SYMBOLES, RITES,
GESTUELLE, expression du Mystère pascal célébré
1) Le CHRIST, SYMBOLE
La Liturgie exprime les mystères du Seigneur et ses actes de Salut à travers un ensemble de RITES, cest-à-dire de formules, de symboles et de gestes. Mais ces rites ne sont pas de simples expressions humaines de pensées et de sentiments religieux concernant les relations humaines avec Dieu. Ils sont plutôt le SIGNE du MYSTÈRE DU CHRIST, de la présence salvatrice de Dieu, réalisée pour lhumanité dans le Christ. Le Mystère du Christ est «le Christ au milieu de nous, espérance de la gloire» (Col 1,27). Le Christ est le SIGNE donné par Dieu (Jn 6,28) au monde, le signe de lamour par lequel Dieu est intervenu pour nous sauver. Le Christ est le grand SACREMENT primordial, cest à dire signe de la réalité de Salut qui a été révélée comme étant la présence de Dieu parmi nous : Ep 1,9; 3,9; Col 1,27; 1Tm 3,16. Les signes rituels de la Liturgie doivent être compris en fonction du Christ. Et ce sont des signes réels, en ce sens quils accomplissent la réalité même quils signifient.
La liturgie nest pas seulement une action humaine mais la présence de laction divine sous une forme rituelle, action qui, en nous attirant toujours plus intimement dans le mystère du Christ, nous fait fils, filles de Dieu. Élevés ainsi à un état surnaturel, nous offrons alors dans nos propres vies, un culte à Dieu. Les signes, nous introduisant dans le mystère du Christ, font de nous de vrais adorateurs, adoratrices du Père. La Liturgie nous unit à laction salvifique et sanctificatrice du Christ, et, en Lui, nous devenons des «adorateurs en esprit et en vérité». (Jn 4,23-24)
2) Le Symbole, lieu du passage entre notre vie et le mystère pascal célébré:
La célébration de la Liturgie, cela veut dire dune part : rite, et dautre part : sacrement.
Rites :
Dans le Rite intervient
la Parole sous toutes ses formes. Sous forme
de proclamation, de chant et de silence. La
cessation de la Parole est en effet aussi importante et cest un élément que, pour
la première fois, le Concile a remis en valeur. Tout
cela fait partie du rite. Le corps aussi a sa
place dans la célébration, la façon de se tenir, de faire des gestes, le choix du
vêtement, de la prière. Il y a aussi les
signes : le pain, leau, lhuile, lencens, larrangement de
lespace...
Sacrement
:
Le symbole nest
pas quelque chose dimmédiatement perceptible et visible, cest une
signification très riche, ample, globale, difficile à exprimer mais qui dit beaucoup. Cest à travers le symbole-sacrement que
nous passons de notre vie quotidienne au mystère pascal célébré. Ainsi, dans lEucharistie, lÉglise
croit que le mystère évoqué est rendu présent, sous les signes du pain et du vin, sous
le signe du repas. Dans le baptême, être
plongé dans les eaux du baptême cest être plongé dans la mort du Christ et
ressusciter avec Lui. Recevoir le sacrement
de la réconciliation, cest entrer dans le mystère du pardon opéré par
lamour que le Christ a offert à son Père sur la croix. Le caractère sacramentel
de toute la Liturgie veut donc dire que la réalité profonde que nous évoquons, où nous
pénétrons, est là. Être plongé dans ce
mystère cest être plongé dans cette réalité.
Ces gestes symboliques humains que sont le baptême deau, lonction dhuile, limposition des mains, la fraction du pain... deviennent dans lÉglise, des actes qui, au-delà du visible, permettent au Seigneur dagir au milieu de lhumanité. Cest ce qui fait dire à saint Léon le Grand: «Ce qui était visible dans notre Rédempteur est donc passé dans les sacrements.» Ce qui fait loriginalité des célébrations chrétiennes cest que ce sont des lieux où Dieu sapproche de lhomme pour intervenir dans son histoire.
Symboles et rites gardent leur sens et leur rôle de médiateurs entre le visible et linvisible, mais de la médiation dont ils sont les serviteurs, cest Dieu qui a linitiative et non la personne humaine. Par eux, le visible manifeste bien linvisible, mais tandis que lhomme le met en oeuvre en célébrant, ce visible reçoit un pouvoir de manifestation qui dépasse ses facultés, car il le tient de Dieu lui-même qui linvestit. (J. Gélineau : Célébrer.)
La célébration chrétienne est un confluent despace et de temps :
- Dans son déroulement temporel ( telle
célébration, tel jour, telle heure) elle réalise la jonction du passé, du présent et
du futur.
- Dans son implantation locale (telle
célébration, ici, dans telle communauté, telle église) elle réalise la commune union
avec ce qui est géographiquement dispersé.
- Ce que la célébration fait du temps, elle
le fait aussi de lespace : elle unit mystiquement ce qui est visiblement dispersé,
comme elle actualise ce qui est temporellement éloigné.
3) Célébrer
dans son corps
La Liturgie est souvent un sujet détonnement pour qui ny est pas habitué. Loin dêtre une simple prière mentale, elle sexprime par les lèvres, elle se traduit par des attitudes corporelles, par des gestes; attitudes et gestes qui ne sont pas laissés à la libre spontanéité de chacun, mais qui sont fixés par des lois constantes. Cest que la Révélation et les saintes Écritures nous apprennent non à dissocier le corps et lâme, mais à discerner lunité du composé humain, tel que Dieu la créé et que Dieu le sauve. Le corps, destiné à la Résurrection glorieuse, est déjà devenu ici-bas Temple du Saint Esprit par le baptême; il est nourri de lEucharistie. Tertullien le soulignait dès le 3e siècle : «Les sacrements sont accomplis sur le corps pour sanctifier lâme.»
Ces signes sont requis aussi par le caractère communautaire de la Liturgie :
lunanimité des coeurs sexpriment au moins autant par les attitudes
corporelles que par le chant, du moins cen est une manifestation plus facile. Le langage de la parole, surtout de la parole du
célébrant, reçoit une intelligence accrue par le geste.
Le Christ a utilisé des gestes pour faire des miracles quun seul mot pouvait
réalisé.
Il ne faut jamais
oublier que, par ce geste, il sagit dexprimer une attitude intérieure.
Gestes liturgiques :
1. debout : pour les fidèles, cest lattitude liturgique la plus fondamentale. Elle est dabord, dans son sens tout naturel, signe de respect. Cétait lattitude normale de la prière juive, et cest lattitude caractéristique de la prière chrétienne comme lattestent les peintures des catacombes et dautres documents anciens. Cest lattitude typiquement pascale : cest pourquoi lattitude antique et celle de lOrient aujourdhui interdisent de se mettre à genoux le dimanche et durant la Cinquantaine pascale. Car le Christ nous a, par sa Pâque, délivrés du péché et de la mort. Devant Dieu nous demeurons pleins de respect, mais confiants car nous participons à la dignité des fils et filles de Dieu. Saint Irénée écrit : «Lusage de ne pas plier les genoux pendant le jour du Seigneur est un symbole de la résurrection par laquelle nous avons été libérés grâce au Christ.»
2. À genoux : la joie pascale alterne avec la pénitence. La prière à genoux est spécifiquement pénitentielle, signe de deuil, dhumilité, de repentir.
3. assis : Être assis est lattitude du docteur qui enseigne ou du chef qui préside. Mais le peuple aussi est invité à sasseoir à certains moments de la célébration. Cest lattitude aussi de celui qui écoute. Lc 2,46; 10,39. Cest pourquoi les fidèles sont assis généralement pour écouter toutes les lectures, sauf lévangile, les chants de méditation et la prédication.
4. inclinés : la Liturgie monastique a conservé généralement des temps de prière avec profonde inclinaison. De même lAutel et lÉvêque sont salués dune inclination profonde.
5. prosternés : Dans la Liturgie actuelle, se prosterner est une attitude plutôt exceptionnelle. Elle nest plus prescrite quà ceux, celles qui doivent recevoir une consécration définitive : ordinands, vierges, profès, abbé, tandis que lon chante sur eux la litanie des saints. Dans la Bible, cest une des attitudes fréquentes de la prière : Gn 17,3; Dt 9,18; Ne 8,6; Tb 12,16; Jd 9,1; Mc 17,6; 26,39; Ap 4,10, etc. Elle marque une supplication solennelle.
6. marchant en procession : Outre les processions exceptionnelles liées à des moments de lAnnée liturgique, les célébrations habituelles donnent lieu à des mouvements et des déplacements qui sont des actes de procession : procession dentrée du célébrant et de ses ministres; procession de lévangile; apport des offrandes; procession des fidèles pour la communion. «Il convient que ces démarches soient accomplies avec beauté, accompagnées des chants qui leur sont propres» précise lIntroduction générale au Missel Romain.
7. les autres gestes liturgiques : quelques gestes sont des créations spécifiquement chrétiennes comme le signe de la croix. Dautres sont riches de signification biblique, parfois même sont des gestes du Christ. Quelques-uns sont sacramentels, comme limposition des mains. Le baiser de paix est un geste liturgique déjà dans les écrits apostoliques.
(Inspiré de : LÉglise en prière, tome I, Martimort. Desclée.)